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Anne Picardet

Anne Picardet, fille spirituelle et lettrée de la bourgeoiserie bourguignone, épouse en 1599 à Dijon « noble François de Molière, sieur de Chantoyseau ». De cette union naîtront le poète et romancier François de Molière, sieur d'Essertines, et Anne-Marie de Molière. Il la laisse veuve en 1612, mère d’un garçon qui sera connu sous le nom de François-Hugues de Molière (1599-1624), libertin ami de Théophile de Viau et de Saint-Amant, auteur de quelques pièces et d’un roman pastoral fortement inspiré de l’Astrée (La Polyxène,1623). Elle vécut à Semur-en-Brionnais, et géra la propriété familiale. Poétesse d’inspiration religieuse distinguée à la fois par ses vertus et par son grand talent d’écriture. Anne Picardet s’inscrit dans le mouvement de conversion des muses profanes en muses sacrées, que certains poètes chrétiens ont encouragé dès la fin du XVIe siècle. Anne Picardet a fait paraître un recueil de contrafacta catholiques, c’est-à-dire des poésies spirituelles adaptées à de la musique profane. L'ouvrage d’Anne Picardet, parue après la mort de François II de Molière, est l’œuvre d’une âme entièrement convaincue et profondément religieuse.

Poétesse d’inspiration religieuse distinguée à la fois par ses vertus et par son grand talent d’écriture, Anne Picardet s’inscrit dans le mouvement de conversion des muses profanes en muses sacrées, que certains poètes chrétiens ont encouragé dès la fin du XVIe siècle. Son unique recueil, les Odes spirituelles, publié en 1618, est dédié à Madame Le Grand. Selon Du Mesnil (p.32), il s’agirait de la mère d’Henri le Grand, sieur de Belleville, né en 1587, devenu au début du siècle un comédien fameux sous le nom de Belleville ou encore Turlupin. Anne Picardet l’avait fréquentée avant son mariage lors de séjours parisiens. L’attachement à cette femme pourrait s’expliquer par le fait qu’elle partage un même sort : réputée pour son immense «piété» (Dédicace), elle est cependant la mère d’un homme de théâtre, condamné de fait par l'Église. La publication du recueil serait l’affirmation, par la poétesse, de sa religiosité, en réaction aux écritures profanes de son fils. Elle déclare dans la Dédicace vouloir faire que «l’air des chansons profanes estant appliqué aux spirituelles, Dieu ne soit plus offensé par les voix et organes que sa divine bonté nous a donnez pour le louer et le bénir». Le principe de l’œuvre est de proposer des textes d’inspiration spirituelle (sur la Passion, les martyrs, les saints et les anges, les congrégations religieuses nouvelles) «sur l’air» de chansons profanes connues du public. Il s’agit d’une oeuvre typique de la littérature de la Contre-Réforme, marquée par le désir de convertir des formes musicales profanes en supports dévotionnels. Par ailleurs, l’oeuvre d’Anne Picardet se veut le fruit de son repentir et de sa conversion, manifestés dans le désir de ne consacrer sa plume et sa voix qu’à la dévotion au Christ. La thématique de la Passion est donc centrale. Elle suscite dans le recueil un foisonnement métaphorique emprunté pour une grande part au lyrisme amoureux du Cantique des Cantiques (dialogue entre Dieu et l’âme, entre le Christ amant et la poétesse, entre le Christ et Marie-Madeleine, l’amante biblique, etc.).

Oeuvres
- 1618 : Odes spirituelles sur l’air des chansons de ce temps,Lyon, Claude Morillon.

- 1623 : Odes spirituelles sur l’air des chansons de ce temps. Lyon, Veuve Claude Morillon (édition revue et augmentée).

D'après la Notice de Antoinette Gimaret
Choix bibliographique :


- Brémond, Henri, Histoire littéraire du sentiment religieux en France,éd. François Trémolières, Grenoble, Millon, 2006.

- Cave, Terence, Devotional Poetry in France, c.1570-1613,Cambridge, Cambridge University Press, 1969.

- Clément, Michèle, Une Poétique de crise, poètes baroques et mystiques, 1570-1660,Paris, Champion, 1996.

- Du Mesnil, E., François de Molière Seigneur d'Essertines, Anne Picardet sa femme, et leur famille. D'après les documents authentiques,Charolles, Lamboroy, 1888.

- Packer, Dorothy S., «Collections of Chaste Chansons for the Devout Home (1613-1633)», Acta Musicologia, 61/2, 1989, p.175-216 --

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